Le syndrome du « winner-looser »
Hier soir sur BFM, un échange intéressant entre Philippe Bloch et Xavier Tedeschi, le président de Latitude-RH, un fin connaisseur des restructurations d'entreprises et de leur accompagnement. Selon ce dernier, conduire une fusion par exemple consiste à gérer un processus complexe, dont la réussite ne se décrète pas. L’échec provient rarement de la mise en œuvre technique de la fusion mais de l’incapacité à atteindre les objectifs promis de création de valeur et surtout de l’absence de prise en compte du syndrome « winner-looser » qui empêche la création d’une nouvelle culture commune.
Deux points de vue sont en effet à prendre en compte au moment de la fusion :
- Le salarié de celui qui intègre c’est la victoire du plus fort. Pourquoi changer ?
- Le salarié de l’entreprise reprise : il vit cela comme une défaite, le choc est subi : c’est le temps des regrets et de la rancœur.
- Une perte de repères (métier, talent, managériaux, de pouvoir, de communication, entre l'activité quotidienne et les changements véhiculés..)
- La situation est aggravée si, sur un même poste, il faut faire un choix entre les 2. Choix de l’appartenance ou choix de la compétence ?
- Les collaborateurs n’achètent pas des argumentaires étayés, chiffrés : les gens veulent du sens, une histoire, des émotions à travers un projet d’avenir clair et un chemin simple pour y parvenir. Ils doivent pouvoir se projeter. « Passer de l’émoi à Et Moi ? »
- Il faut prendre le temps d’écouter les salariés et surtout leur montrer que vous les avez compris.
- Ensuite c’est une stratégie :
- Imposer une culture à l’autre : il faut des motifs clairs pour démontrer qu’elle est plus adaptée à la conjoncture
- Laisser les 2 cultures séparées, si les 2 entreprises sont sur des marchés différents
- Faire naitre une nouvelle culture composite en prenant des éléments de chacune des 2 cultures d’origine, qui dégageront rapidement de la valeur (performance).
- Ouvrez la boite à secret, certes cette boite est dangereuse : ce que vous voulez cacher à la concurrence, vous le dissimulez aussi aux salariés : mais il faut apprendre à faire confiance
- Ne passer pas en force sous peine de décourager. Une étude du cabinet Hewitt a montré que le découragement coûte 8000 € environ/an/salarié découragé
- Il faut croire en la vitesse, mais ne pas confondre vitesse et précipitation et être très attentif aux indices du danger : les signaux faibles.
- Ce qui permet de réévaluer les priorités au cours du temps et vérifier en permanence la compatibilité des moyens et des actions à entreprendre.
- Communiquer en continu sur les succès (après s’être assuré de leur légitimité)
- « Garder l’œil sur la balle »car les défauts ont tendance à s’accentuer par :
- Auto-protection => attentisme : baisse de la volonté pour prendre des risques et des décisions
- Beaucoup plus de péchés par omission que par action !
- Les personnes n’ont pas une bonne compréhension des nouveaux standards à partir desquels ils vont être évalués
- Partager les bonnes pratiques par une mise en œuvre immédiate sans oublier de remercier l’auteur et les réalisateurs
- Afficher des objectifs et des attentes ambitieux.
- L’entreprise nouvelle doit «se sentir dirigée» : il est impératif que l’ensemble de la ligne managériale soit issue des 2 entreprises. Cela vaut pour l’équipe de direction également
- Se contraindre le plus vite possible à distribuer les rôles et les pouvoirs
- Prendre une position affirmée d’encouragement et de reconnaissance
- Donner aux salariés un drapeau « à faire flotter au vent » :
- surtout ne pas tuer l’histoire de chaque société fusionnée, mais lui donner un sens dans la nouvelle aventure
- le choix d’un nouveau nom est facteur de réussite.
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