L'art de (se) diriger ( le blog de Laurent Pellegrin)

Un bien triste bilan pour montrer que le retour aux fondamentaux du management n'est pas un luxe : https://theconversation.com/manager-le-changement-leducation-nationale-decroche-64943?utm_medium=email&utm_campaign=Des%20nouvelles%20de%20The%20Conversation%20pour%20le%2012%20septembre%202016%20-%205585&utm_content=Des%20nouvelles%20de%20The%20Conversation%20pour%20le%2012%20septembre%202016%20-%205585+CID_2ed676cddb37d67530a6093256c8738f&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Manager%20le%20changement%20%20lducation%20nationale%20dcroche

Hier soir j'ai eu le plaisir d'assister à la première conférence du cycle  "La Fonction Publique du XXIème siècle" mis en place à l'initiative heureuse de Mme Annick Gerardin, la ministre de la fonction publique. C'est un cycle de rencontres avec des chercheurs, des intellectuels et des managers qui interviennent, par leurs travaux et publications, dans le débat d'idées sur la modernisation de la fonction publique.

La 1ère de ces conférences avait pour thème "Quelle innovation managériale dans la fonction publique ? Et si on libérait l'administration ?", avec deux intervenants passionnants et passionnés :

- Isaac GETZ, Professeur de stratégie et d'innovation à l'ESCP, auteur de l'ouvrage "Liberté et cie"
- Fabien TASTET, Directeur Général des Services à l'Etablissement Territorial 11

Ce cycle s'adresse aux  managers publics ou élèves fonctionnaire.

Merci madame la ministre et ENFIN !

En savoir plus : https://www.facebook.com/events/282418225467054/

Chaque réunion transversale à laquelle j'assiste en ce moment augmente le nombre de contrôles mis en place et de nouvelles demandes de reporting. C'est proprement hallucinant. Me revient en mémoire cet extrait de "Liberté et Cie" de Getz et Carney, page 342, qui va si bien avec la faillite du management dans le secteur public :

"En d'autres termes, dans un système traditionnel "comment", le manager "mou" devient "dur", ou est éliminé. S'il traite ses subordonnés avec douceur, ils obtiendront des résultats médiocres parce qu'ils n'ont ni les informations ni les outils nécessaires qui les motiveraient pour bien faire leur travail. Un patron "mou" dans un système rigide n'est pas un gage de libération, au contraire. En réalité on aboutit inéluctablement au résultat inverse, car ce patron "mou" exerce une pression de plus en plus forte au fil du temps pour réaliser ses propres objectifs.

Comment y remédier ? En fournissant toutes les informations dont chacun peut avoir besoin (l'information universelle), puis en leur apprenant à trouver ce qu'ils doivent savoir. En effet, le déficit d'information entraîne une baisse de productivité, parce que les salariés travaillent dans l'ignorance. Cela impose un contrôle accru et une diminution de la liberté du personnel, ce qui exige en retour un contrôle encore plus rigoureux, et ainsi de suite. Comme le dit Hugn Osborn, un consultant qui travaille sur la réforme de l'éducation, vous finissez par "traquer l'échec". de fait, parmi toutes les manières de traiter les gens en égaux, celle qui consiste à leur fournir des informations abondantes, "généreuses", est celle qui booste le plus directement leurs résultats. A l'inverse, contrôler et faire de la rétention d'information est le meilleur moyen d'échouer."

" Comme le disait Spinoza, un bon État n'est pas un État dirigé par une bonne personne, mais un État qui reste bon qu'il soit dirigé par une bonne ou une mauvaise personne. C'est dans les institutions que la vertu doit être implantée, afin qu'elle survive à la dégradation du niveau de leurs dirigeants. "

Ce texte de Roger Scruton paru dans le Point du 18 juin va aussi bien aux institutions publiques qu'aux organisations. C'est notre devoir de chef que de rendre son organisation vertueuse et performante. J'y ajoute une dernière citation de Scruton dans le même article : " il ne faut pas croire en l'avenir, il faut le produire. Mais ce à quoi l'on croit est le passé."

Salutaire article des Echos aujourd'hui par Marie-Sophie Ramspacher pour sauver les entreprises publiques du triste sort que leur immobilisme plus ou moins organisé rend quasiment inéluctable. C'est adaptation ou affaiblissement assurés. 

J'en retiens les 5 points forts suivants :

1. Piloter par le résultat (mesurer et démontrer le résultat : méthode ABC ABM, "dégager des indices de performance par activité et observer les causes de variation des coûts") ;
2. Manager "maigre" ("produire plus et mieux avec moins"
3. Gérer par unités ("la gestion doit se faire au plus près des activités de chaque unité en créant des centres de gestion de taille "manageable"")
4. Démontrer un intérêt client (No comment !)
5. Réveiller l'organisation et faire redescendre l'initiative au niveau du terrain.

L'exemple à suivre : Christophe Beaux à la Monnaie de Paris et j'espère Delphine Ernotte à France Télévisions à qui je souhaite beaucoup de courage.

C'est un de mes blogs préférés (http://www.penseemiliterre.fr). Mes origines militaires sans doute. Mais je trouve rafraichissant de lire ces articles de la plume d'officiers en activité au moment ou la Défense et les forces armées sont mises à très forte contribution et ce sur plusieurs fronts (Mali, RCA, mais aussi les bases de défense...) et très utile pour nos organisations civiles et privées.

J'en veux pour preuve cet article sur les réformes dans le secteur public que je trouve très salutaire : http://www.penseemiliterre.fr/l-homme-le-grand-oublie-de-nos-reformes_1014982.html 

Le gouvernement britannique a économisé 18 milliards d'euros sur l'année fiscale 2013-2014 en révisant son fonctionnement.

Un premier tiers vient d'une remise à plat de la façon dont les contrats étaient passés avec le secteur privé (sous-traitance des services, achats...). un deuxième tiers provient de la réduction des effectifs. Le reste est le fruit de programmes anti-gaspillage.

selon Francis Maude, le ministre anglais de la réforme de l'Etat, "le plus difficile, c'est d'imposer une culture de l'innovation dans l'administration publique. C'est un endroit où l'on n'aime instinctivement pas prendre de risques".

Source : le Monde du 27 août 2014 (Eric Albert).

En 2008, Cass Sunstein, professeur de droit à Harvard, et Richard Thaler, économiste à la Chicago University, publient un essai intitulé Nudge, la méthode douce pour inspirer la bonne décision. Le livre suscite un engouement inattendu à Washington et à Londres dans les administrations qui voeint dans les nudges un moyen de mener des politiques publiques plus efficaces et à moindre coût.

Dès 2009, Barack Obama sollicite Cass Sunstein pour lancer sa nudge squad. Au Royaume-Uni, David Cameron a créé une nudge unit en 2010, animée par Richard Thaler.

C'est désormais, avec bercy via le SGMAP, dans la feuille de déclaration de l'impôt sur le revenu que l'administration française met en place ses premiers nudges ("coups de pouce") pour accélerer le développement des déclarations d'impôts en ligne.

Source : La lettre de l'expansion du 30 juin 2014, Frédéric Brillet.

Lu dans "20 minutes" ce matin ce succulent article sur la conception du management public mis en place par les autorités nord-Coréennes :

" "Fidèles", "Tangents" ou "Hostiles". Ainsi sont classés les Nord-Coréens par le pouvoir. En fonction de leur caste, le pouvoir leur accorde des privilèges ou les sanctionnent."

Subtil non ?

Hier j'ai eu la chance d'intervenir devant 22 managers publics à l'Université de Versailles-Saint-Quentin en Yvelines, à l'Institut supérieur de management, dans le cadre du Master 2 de Management Public territorial qui s'effectue en partenariat avec l'INET, l'ENA de la fonction publique territoriale.

Je remercie vivement Christelle Perrin pour sa confiance et souhaite pleins succès à mes auditeurs d'un soir.

Institut supérieur du Management

UVSQ

47, boulevard Vauban

78047 Guyancourt Cedex

secretariat.ism@uvsq.fr

www.ism.uvsq.fr

Eurogroup Consulting, l'association des anciens élèves de l'ENA et la DGAFP organisent un colloque le 19 octobre prochain dans les locaux parisens de l'ENA sur le thème important de la transformation publique avec une focale particulière sur le "Management de l'innovation dans le secteur public".

Voir le site d'Eurogroup et télécharger le programme : http://www.eurogroup.fr/-Conferences-et-evenements-

Contact : rencontres.secteur.public@eurogroupconsulting.fr

J'ai pu modestement témoigner de mon expérience de haut-fonctionnaire en entreprise dans le cadre des rencontres 2011 organisées par le ministère de l'intérieur fin mai et début juin au profit des nombreux membres du corps préfectoral en postes dans la sphère privée, les collectivités locales ou dans divers organismes.

J'en retiens particulièrement l'allocution de Stéphane Bouillon, directeur de cabinet du ministre :

"Nous voulons des hauts fonctionnaires managers, dotés d'une vision, capables de conduire des projets complexes et de donner l'envie de la réforme aux équipes. Voila pourquoi les hauts fonctionnaires qui enrichissent leur parcours et leurs compétences dans d'autres univers, qu'ils soient privés ou publics, nationaux ou internationaux, sont précieux".

La 3° édition des rencontres de la modernisation de l'Etat et des acteurs publics organisée par la rédaction d'Acteurs publics, sous le nom RMDE 2010 aura lieu les 5,6 et 7 juilet 2010, à la Maison de la Chimie, Paris 7e.

Les inscriptions sont gratuites sur : www.rmde.fr