L'art de (se) diriger ( le blog de Laurent Pellegrin)

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L'"esprit d'Iéna"

"Dites au roi qu'il pourra bien faire de ma tête ce qu'il voudra après la bataille, mais qu'il veuille bien, pour le moment, m'autoriser à l'utiliser pour son service". Un général prussien, lassé des interventions de frédéric II.

On dit souvent que la défaite d'Iéna-Auerstaedt en 1806 fut la matrice du romantisme allemand, des grands nationalismes, du socialisme et des grands conflits du XXème siècle. Relire la route de la Servitude de F. Hayek pour cela. C'est aussi incontestablement la matrice d'un commandement à l'allemande qui s'est montré particulièrement performant et que Pierre Servent, en creux par rapport aux grands défauts français dans le domaine sur la même période nous invite à revisiter tant dans le domaine militaire, que politique et managérial.

 

L'"esprit d'Iéna" c'est pour ses concepteurs :

  • Une conviction : l'esprit de système appliqué à la guerre est une faute ! Autrement dit : le méthodisme, l'esprit de système, le dogmatisme, voilà l'ennemi ! Lutter contre toute tendance naturelle des états-majors au conformisme.
  • Les grands principes de la guerre existent certes mais la souplesse et l'adaptation doivent en permanence permettre de revisiter les tables de la loi de la guerre du moment.
  • Il faut éviter le clonage des élites. Et lutter contre toute arrogance intellectuelle. Ecouter les voix qui dérangent. Comparer internationalement, se comparer.
  • Laisser toute indépendance aux cadres pour qu'ils puissent faire preuve d'initiative. La mission étant clairement fixée, une délégation intelligente permet ensuite la mise en oeuvre par les échelons inférieurs. et surtout pas de bureaucratie inutile, de procédures et de paperasserie.
  • La guerre est un "art" à part entière. Le chef doit donc cultiver sa créativité, son imagination, dès le temps de paix pour pouvoir innover, évoluer, et commander dans le brouillard de la guerre.
  • La guerre n'est pas un "jardin à la française".

En 1940, face aux pesanteurs et aux conservatismes des états-majors, cet "esprit d'Iéna" sera porté par  exemple par Manstein pour la conception du plan et par Rommel et Gudérian pour l'exécution tout en vitesse et en dynamisme.En France c'est le colonel de Gaulle avec son "De minimis non curat praetor", (le chef ne s'occupe pas des questions subalternes), mais il était bien seul.

 

D'après Pierre Servent, "Le complexe de l'autruche, pour en finir avec les défaites françaises", Perrin, 2011



27/11/2011
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