L'art de (se) diriger ( le blog de Laurent Pellegrin)

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L'effet Pygmalion : Je pense donc tu es

Méfions nous de nos stéréotypes, de nos croyances : leur simple présence est un risque de distorsion de nos perceptions, de telle sorte que ce qu'autrui va voir en nous, va nous conditionner à le devenir... Un effet désormais bien connu, aussi intuitivement que dans le cadre théorique, depuis cette expérience de Rosenthal et Jacobson en 1968.

Dans leur expérimentation, ils essayaient de démontrer que des sujets ayant une attente vis-à-vis du comportement, de la façon d'être d'autres sujets, entraîneraient chez ces derniers les comportements attendus.

Pour de nombreuses expériences de psychologie, une affabulation sur le but de l’étude est souvent nécessaire pour que les sujets répondent naturellement. Ce prétexte choisi par les auteurs était simple : ils faisaient passer un test aux élèves d'une classe, prétextant que les résultats de celui-ci révèleraient les enfants dont le potentiel d'apprentissage est important. Le vrai but était tout autre, l'étude s’effectuant sur les enseignants et non sur les élèves, tout au long de l'année.

En début d’année, les auteurs annoncèrent la liste des élèves retenus comme étant précoces, aux professeurs, à la suite d'un pré-test de performance banal assigné à tous les enfants (ces élèves étaient en fait pris au hasard, certains bons, d’autres moyens ou mauvais). Ce faisant, Rosenthal et Jacobson créaient chez les professeurs une « attente » concernant les futurs progrès des élèves : soit une « attente positive », soit, « pas d’attente ». Les auteurs partaient de l'hypothèse suivante : en indiquant au professeur qu'un élève est précoce et peut réaliser d'énormes progrès durant l'année (que ce soit vrai ou non), on va développer chez ce professeur un état mental positif (de l'espoir ?) visant cet élève : une certaine forme de préjugé basée sur une connaissance censée être valide (le résultat au test : les résultats, et le test, étaient valides, mais de faux résultats étaient donnés aux professeurs!)

Au début du 3ème trimestre, les auteurs faisaient passer de nouveau le test de performance aux enfants (post-test) puis mesuraient la différence de performance entre pré et post-test. Ce faisant, les auteurs se donnaient les moyens d'étudier les effets de l’attente positive du professeur sur un élève, quel que soit son niveau réel... ils constatèrent d'ailleurs :

  • Que tous les élèves présentés comme précoces avaient progressé significativement, qu'ils aient eu un mauvais résultat, ou un bon, au premier test!
  • Des relations préférentielles entre ces élèves et les enseignants
  • Des systèmes de communication dans lesquels ces enfants désignés ont eu un rôle plus important que les élèves non désignés comme précoces (ces systèmes par exemple, garder la classe, gérer les activités, etc... se mettaient en place le long de l'année, comme dans toute classe)
  • Une homogénéisation des résultats de ces élèves : lorsque les élèves censés être précoces faisaient des erreurs, celles-ci étaient minorées par les enseignants!

Selon Rosenthal et Jacobson, l’explication est simple : les attentes portées sur les élèves constituent des stéréotypes, des préjugés, quant aux possibilités mentales ou aux caractéristiques des élèves (peu observables à l'oeil nu) et les enseignants s’y raccrochent, comme on se raccrochent finalement à n'importe quel stéréotype. Quoi qu'on en dise, les professeurs sont aussi hommes comme d'autres : tandis qu'ils délaissent modérémment les élèves qu'ils jugent peu performants, ils s'occupent un peu mieux des élèves jugés plus performants, ce qui en retour, les rend effectivement plus performants...

Dans une certaine mesure, le résultat peut s'exprimer ainsi : en pensant que quelqu'un possède une caractéristique, nous changeons notre propre attitude vis-à-vis de cette personne, et l'influençons de telle sorte qu'il va effectivement acquérir cette caractériqtique ou l'exprimer de plus flagrante façon. Ainsi en était-t-il de la statue créée par Pygmalion, une statue si belle son créateur en tomba amoureux, et voulait tellement la voir transformée en femme réelle, que cette statue le devint par la grâce d'Aphrodite.

Source :http://www.psychoweb.fr/articles/psychologie-sociale/223-rosenthal-et-jacobson-1968-l-effet-pygmalion-je-pense-donc.html



16/04/2010
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